C’est historique, le vendredi 16 Mai dernier vous avez été 300 à participer à la manifestation pour la Palestine organisée à Achères par les groupes de La France Insoumise.
En quelques mots, c’est du jamais vu dans notre ville de 22.000 habitants !
Ce rassemblement, à été la fois digne, pacifique et résolument humain, et nous avons montré que notre ville n’était pas indifférente aux souffrances du peuple palestinien.
Vous étiez jeunes, moins jeunes, habitants de longue date ou nouveaux arrivants, tous unis autour d’un même cri de justice.
En marchant ensemble dans les rues d’Achères, nous avons envoyé un message clair et fort : la solidarité n’a pas de frontières, et la paix ne se construit pas dans le silence. C’est ensemble que nous avons brisé ce silence, c’est ensemble que nous avons affirmé haut et fort notre refus de l’inhumanité.
Merci à chacune et chacun d’entre vous. Merci pour votre présence, pour vos pancartes, vos slogans, vos regards et votre détermination. Vous avez montré que la voix d’une petite ville peut porter loin, très loin.
Mais cette mobilisation n’est qu’un début. Nous avons une responsabilité : faire vivre cette flamme de solidarité, continuer à nous informer, à sensibiliser, à agir. La lutte pour la justice en Palestine est aussi une lutte pour l’humanité tout entière.
Restons mobilisés. Continuons à nous organiser. Et rappelons-nous : à Achères, la solidarité et l’humanisme ne sont pas des mots, ce sont des actes.
« A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes »
– Karl Marx, L’Idéologie allemande – 1846.
Cette affirmation du XIXe siècle résonne avec une acuité particulière à l’ère du numérique.
Les plateformes en ligne ne sont plus de simples outils neutres — elles sont devenues des acteurs politiques influençant l’opinion publique et les dynamiques idéologiques.
Prenons l’exemple de 𝕏, anciennement connu sous le nom de Twitter. En octobre 2022, Elon Musk a acquis cette plateforme pour la somme colossale de 44 milliards de dollars.
Pour financer cette opération, Musk a mobilisé des capitaux privés considérables, notamment en vendant des actions de Tesla et en sollicitant des investissements de partenaires financiers comme entre-autres ceux de Jack Dorsey ancien fondateur de Twitter et ex-co-fondateur de BlueSky et de Larry Ellison co-fondateur de Oracle Corporation et membre de “The Giving Pledge” de Bill Gates, Dorsey a gardé ses actions, soit 1 milliard de dollars le laissant donc actionnaire au moment du rachat et Ellison quant à lui, a investi 1 milliard de dollars.
C’est aussi 500 millions de dollars qu’a investi Binance, la plateforme d’échange de cryptomonnaies.
Et pour l’autorité d’investissement du Qatar, Qatar Holding LLC, c’est 375 millions de dollars.
Ces chiffres illustrent une réalité économique préoccupante. Depuis son acquisition, la valeur de 𝕏 a été réévaluée à la baisse. En septembre 2024, le fonds d’investissement Fidelity estimait que la plateforme ne valait plus que 9,4 milliards de dollars, soit une perte de près de 80 % de sa valeur initiale. Cette dépréciation s’explique par plusieurs facteurs, notamment la fuite des annonceurs, peur que leurs annonces apparaissent aux côtés de messages haineux ou inappropriés ce qui causerait du tort à leurs marques et une gestion catastrophique des équipes de la modération des contenus, licenciements de masse, bannissements abusifs et contenus problématiques non modérés.
Pourquoi, alors, maintenir sous perfusion une entreprise aussi déficitaire me diriez-vous ?
« Les capitalistes, acculés par la crise de leur propre système, préfèrent mille fois la victoire du fascisme à celle de la révolution prolétarienne. »
— Le programme de transition – Léon Trotsky 1938
Autrement dit, l’existence de 𝕏 dans sa forme actuelle ne se justifie pas par sa rentabilité économique, mais par son rôle stratégique : c’est une arme idéologique au service des classes dominantes pour orienter le débat public, canaliser les mécontentements et légitimer des discours extrémistes, fasciste et antisémite.
– Et devinez quoi ?
Brian P. Brooks intérimaire du chef de l’OCC, l’organisme de contrôle de la concurrence et de surveillance des banques américaines sous l’ancien mandat de Trump, est devenu le nouveau directeur exécutif de la branche US de Binance en avril 2021 !
Promouvoir 𝕏 auprès de nos camarades ou de la population, c’est un peu comme inviter quelqu’un à un meeting du Rassemblement National ou à une réunion de la Ligue Italienne de Giorgia Meloni. Imaginons un instant : vous organisez une rencontre pour discuter des luttes sociales, où vous invitez à dégager Macron par exemple et, à la fin, vous dites : « Et n’oubliez pas d’aller voir ce que dit Jordan Bardella au passage ! ». Bon, certes, l’idée de mieux connaître nos ennemis est légitime et nécessaire quand ont est militant·e confirmé·e, mais dans ce contexte, nous prenons des risques en faisant glisser des gens vers l’extrême droite qui usent du populisme pour attirer celles et ceux qui sont pas ou peu politisés. Méfiance.
Dans le numérique, il est donc crucial de tourner notre regard vers des alternatives. La souveraineté numérique passe par la création de sites personnels et l’utilisation de réseaux sociaux décentralisés comme Mastodon, que je vous ai déjà évoqué à plusieurs reprises et que vous connaissez maintenant. Ou encore de se tourner vers BlueSky tout en gardant une approche réservée car bien qu’elle soit une alternative attrayante actuellement, sa conception pourrait rapidement dériver comme ce fut le cas pour Twitter il n’y a pas si longtemps.
Ah, mais attendez ! Mark Zuckerberg, non je ne l’ai pas oublié celui-là ! Vous savez, le PDG de Meta, groupe qui détient Facebook, Instagram, Thread et WhatsApp, qui joue un rôle tout aussi préoccupant.
À travers ses plateformes comme Facebook et WhatsApp, il facilite la propagation de la désinformation, Facebook a d’ailleurs récemment ajouté dans ses CGU : “Nous autorisons les allégations de maladies mentale ou d’anormalité lorsqu’elles sont fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle, compte tenu du discours politique et religieux sur le transgendérisme et l’homosexualité et de l’utilisation courante et non sérieuse de mots tels que « bizarre ».”, modifications qui pourraient permettre en quelques sortes d’autoriser, ou du moins, ne pas sanctionner du contenu transphobes, homophobes ou encore sexistes.
Des médias, notamment palestiniens, The Guardian Reuters ou encore Amnesty International ont soulevé des soupçons sur une possible collecte de données via NSO Group, une entreprise de surveillance israélienne impliquée dans des affaires de cyberespionnage, ciblant notamment les positions GPS des utilisateurs de WhatsApp en Palestine. Meta dément fermement toute implication, mais difficile de ne pas s’interroger quand on sait que la firme de Zuckerberg censure massivement les voix pro-Palestiniennes sur Facebook et Instagram et que l’on a Jordana Cutler, qui a été nommée directrice des politiques publiques de Facebook en Israël en 2016 et qui n’était ni plus ni moins que l’ancienne conseillère du génocidaire Netanyahou.
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Il convient également de rappeler les dangers que représentent les projets d’Elon Musk, notamment avec les constellations de satellites Starlink. Non seulement ce projet vise à monopoliser les télécommunications mondiales, mais il perturbe également les satellites météorologiques, avec des conséquences graves pour notre environnement. L’envoi effréné de satellites Starlink en orbite basse contribue à la dégradation écologique, et ces perturbations ne peuvent être ignorées.
C’est environ 7.000 satellites Starlink sur les près de 10.000 actuellement en orbite. SpaceX prévoit d’en disposer 12.000 en 2025 et 42.000 à terme. Les satellites auraient une durée de vie de six ans.
Les observatoires terrestres sont déjà gênés par la pollution lumineuse engendré par ces satellites.
Les dérives d’Elon Musk avec Starlink ne se sont pas fait attendre, en 2022, au début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’entreprise Starlink envoie des milliers de terminaux afin que les ukrainien·ne·s aient accès à internet. Elon Musk affirme le nombre de 150.000 utilisateur·rice·s en Ukraine. Quelques mois plus tard, magie, Elon Musk fait machine arrière et fait éteindre les antennes Starlink qui fait échouer une attaque de drones navals ukrainiens contre les navirs de guerre russes.
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Il est temps de se lever et de revendiquer un numérique qui soit véritablement libre, open-source, décentralisé et interopérable. Nous avons la responsabilité de lutter contre ce qui nous opprime, de résister aux tentatives de manipulation et de contrôle qui s’immice dans notre quotidien.
La liberté n’est pas un don, mais une conquête, ce constat résonne aujourd’hui plus que jamais. On assiste à une montée en puissance de l’extrême-droite et surtout à sa banalisation, de plus en plus depuis le “salut romain” “d’amour venant du cœur” du bienfaiteur autoproclamé Elon Musk tout comme l’artiste à la dérive Kanye West, entre déclaration antisémites et sympathies affichées pour Hitler ou encore le même salut nazi d’Edouardo Verástegui ou encore de Steve Bannon à la conférence d’action politique conservatrice (CPAC), la grand-messe Trumpiste de février 2025.
Doit-on encore souligner les accointances de Musk avec l’AfD ? Est-il nécessaire de commenter la tronçonneuse qu’il a reçu en trophée de la part de Javier Milei pour le féliciter des futures coupes budgétaires qu’il va mener ? Comme si massacrer les services publics relevait du génie politique plutôt que de la pure démolition sociale.
Sans oublier ce logo X qui rappel une autre croix des heures les plus sombres de notre histoire, brandit dès que l’on promeut quelque chose de ce réseau fasciste revient à collaborer qu’on le veuille ou non.
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– “Oui mais Twitter c’est là où tout le monde est !” – “Oui mais les jeunes sont sur Twitter !” – “Oui mais on a plus de visibilité sur Twitter !”
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Je vous le dis tout de suite, c’est faux. Maintenant il faut expliquer pourquoi ce n’est pas vrai. Déjà parce que tout le monde n’est pas sur Twitter, même dans les grandes villes, demandez autour de vous “Vous connaissez Twitter ?” on vous répondra généralement oui, avec une vague idée de ce que c’est. En somme, quasiment tout le monde connaît mais ne l’utilise pas. Selon une enquête du site Digitiz.fr sur les 619 millions d’utilisateur·rice·s dans le monde, seuls 11,6% l’utilise régulièrement et 10% génèrent 92% des tweets. En 2024, il y aurait 13,7 millions d’inscrit·e·s en France, mais seuls 40% se connecteraient régulièrement ce qui représenterait environ 9 millions de Français·es, soit 1 personne sur 10.
Notez que 15 à 20% des comptes seraient des bots (automates) en 2022, ce chiffre aurait probablement doublé et peut-être même triplé en 2024 avec l’émergence des IA.
— La jeunesse, vous dites ? Les 18-24 ans représentent 22% des inscrit·e·s dans le monde, ils et elles n’occupent que la 4e place sur 5.
— Une meilleure visibilité ? Selon quoi ? Selon un article paru dans Le Monde en octobre 2021, les algorithmes de Twitter favorisaient les discours de droite à ceux de gauche. Mais c’était en 2021, et depuis, Musk est passé par là. Non seulement l’extrême-droite use du “Highjacking” (squat de hashtags) mais en plus les algorithmes actuels mettent plus facilement en retrait un contenu de gauche moins polarisant et moins polémique, augmente de facto la visibilité d’extrême-droite et les comptes de suprémacistes blancs.
Pour faire simple, il est nécessaire de redoubler d’efforts en publiant bien plus souvent pour espérer une visibilité équivalente. Nos voix progressistes doivent inonder la plateforme au détriment de notre temps : plus nous perdons de temps à tenter de les combattre en ligne, moins nous en avons pour être dans la rue et sur les réseaux que nous maîtrisons.
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Les formations de Community Managers ont reçu des investissements de la part des GAFAM, par exemple Amazon Web Services et Google ont fortement investis pour former des milliers de personnes aux compétences numériques en France au travers d’organismes de formation ou en organisant des forums. Ce n’est pas anodin. Dans la plupart de ces formations on apprend que les publications dites “non natives” seraient moins pertinentes sur les médias sociaux. En réalité, il ne s’agit que d’un choix politique de la gestion algorithmique. Si vous être propriétaire d’un réseau social et que vous décidez que le contenu renvoyant vers un site externe que vous ne maîtrisez pas est moins valable que d’utiliser tous les outils de la plateforme alors vous rendez l’utilisation non native moins performante de façon artificiel. Selon une étude de trafic pour la France mené en 2016 par SimilarWeb, l’entrée sur un site provenant d’un réseau social représenterait environ 3,91% du trafic internet global, 39% depuis un moteur de recherche, 19,34% depuis un autre site et 35,88% par entrée directe, c’est à dire par le fait de taper l’adresse ou bien par l’envoi personnel via SMS ou messageries par exemple.
— Des études plus récentes au niveau mondial laissent entendre que la part réseaux sociaux est en légère hausse, ne dépassant pas les 6 à 8% tout en gardant des proportions équivalentes.
Tout cela nous permet de comprendre que l’intérêt des site personnel n’est pas en berne et que dans le même temps, les réseaux sociaux restreignent leurs accès sciemment.
« L’individu, isolé et enchaîné à ses propres intérêts égoïstes, est incapable de se libérer lui-même, car la liberté ne peut être atteinte que par la lutte collective. »
— Paraphrase, La lutte des classes en France – Friedrich Engels 1895, Le Capital – Karl Marx et Friedrich Engels 1867.
Ne laissons pas la peur nous paralyser, ne laissons pas le fascisme nous dicter où et comment nous pouvons parler, ne laissons pas une nouvelle croix marquer notre histoire. Chaque pas que nous faisons vers des alternatives éthiques, chaque invisibilisation de ce réseau quand bien même certain·e·s voudrait militier dessus est une affirmation de notre résistance qui se répercute dans la vie non numérique. Nous ne devons pas nous contenter d’espérer un avenir meilleur, l’heure est à la lutte camarades, face aux forces qui cherchent à nous diviser et à nous réduire au silence, par ce qu’un autre monde aussi numérique est possible.